Le masque protège-t-il celui qui le porte ? Rien n’est sûr

Le port du masque fait partie des mesures instituées pour lutter contre la transmission du SARS-CoV-2. Son efficacité à cet égard est montrée dans des études observationnelles. Il est supposé réduire le risque de pénétration du virus par les muqueuses nasales ou par la bouche, et limiterait aussi le risque de se toucher le visage avec des mains contaminées. Toutefois, l’on ne sait pas encore si l’efficacité du masque tient à ce que le masque protège celui qui le porte ou à ce qu’il diminue le risque de transmission à partir d’une personne infectée (contrôle de la source), ou les deux.

Une étude au Danemark

Pour tester la première hypothèse (le masque protège celui qui le porte), une équipe danoise a réalisé un essai randomisé contrôlé qui a inclus près de 5 000 participants exerçant une activité professionnelle en dehors de la maison. Les uns devaient porter le masque dès qu’ils étaient parmi d’autres personnes en dehors de chez eux, les autres n’en portaient pas. Les mesures de distanciation et d’hygiène des mains étaient recommandées pour les deux groupes. Les masques fournis étaient des masques chirurgicaux de bonne qualité, avec un pouvoir de filtration de 98 %, et le critère d’efficacité était l’infection par le SARS-CoV-2 après 1 mois, attesté par une recherche d’anticorps, une PCR ou un diagnostic hospitalier.

Pas de différence significative…

Une infection est survenue chez 42 participants du groupe masqué (1,8 %) et 53 sujets témoins (2,1 %), soit une différence entre les deux groupes de – 0,3 % (intervalle de confiance à 95 % -1,2 % à 0,4 %). Le résultat obtenu n’est donc pas statistiquement significatif, et l’intervalle de confiance donne des valeurs allant d’une réduction de 46 % du risque d’infection à une augmentation de 23 % de celui-ci.

Notons bien que cette étude n’est pas destinée à tester l’efficacité du masque pour prévenir la transmission du virus à partir d’un porteur infecté, c’est à dire comme moyen de contrôle de la source. Notons aussi que l’étude a eu lieu en avril et mai 2020, alors que les autorités danoises ne recommandaient pas le masque en dehors des services hospitaliers et donc les participants portant le masque étaient très minoritaires. En revanche, les mesures de distanciation et d’hygiène étaient largement répandues.

Dr Roseline Péluchon

RÉFÉRENCE

Bundgaard H et coll. : Effectiveness of Adding a Mask Recommendation to Other Public Health Measures to Prevent SARS-CoV-2 Infection in Danish Mask Wearers : A Randomized Controlled Trial. Ann Intern Med. 2020 ; publication avancée en ligne le 18 novembre. doi.org/10.7326/M20-6817

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