Alors que le port du masque se généralise de gré ou de force, parmi la floraison de modèles de formes et de couleurs, faisons le point sur qui doit porter quoi et où… L’ébauche d’une nouvelle discipline : la masquologie (?).

Les équipements de protection individuelle (EPI) : le masque filtrant FFP2, dit « de protection respiratoire »

De différentes formes (coque, 2 plis, 3 plis, becs de canard…), ce dispositif est parfois muni d’une soupape qui donne un meilleur confort respiratoire et permet de filtrer l’air expiré. Il est réservé à certains professionnels de santé lors de certains actes à risque d’aérosolisation, ou lors d’actes pratiqués au niveau de la sphère respiratoire et ORL (intubation, extubation, ventilation mécanique, aspirations, ventilation non invasive, prélèvement nasopharyngé, kinésithérapie respiratoire, actes générateurs d’aérosols en chirurgie dentaire…). Il répond à la norme NF EN 149 qui garantit qu’au moins 94 % des particules de 0,01 à 1 micron pouvant contenir des virus en suspension dans l’air, sont bloquées. Son port est plus contraignant (inconfort thermique, résistance respiratoire) que celui d’un masque chirurgical. Après sa durée d’utilisation qui est de 8 heures, il ne doit pas être réutilisé.

Il existe deux autres catégories de masques FFP (pour Filtering Facepiece Particles), selon l’efficacité du filtre et la fuite au visage : les masques FFP1 qui filtrent au moins 80 % des particules de 0,6 micron des aérosols et les masques FFP3 qui filtrent au moins 99 % des aérosols. Ils sont réservés aux professionnels en contact rapproché avec le public (agents d’accueil, agents de caisse, agents des forces de l’ordre…) et aux professionnels dans les situations où la distance de sécurité d’un mètre ne peut être respectée (y compris les transports en commun).

Les masques à usage médical (également appelés masques chirurgicaux) dit « anti-projections », type IIR

Ce masque évite la projection vers l’entourage des gouttelettes émises par celui qui porte le masque et le protège également contre les projections de gouttelettes émises par une personne en vis-à-vis. Il doit être conforme à la norme EN 14683, c’est-à-dire qu’il bloque au moins 95 % des particules de 3 microns et plus. Il est préconisé pour les professionnels de santé dans des blocs opératoires ou dans d’autres installations médicales aux exigences similaires. Sa durée d’utilisation peut aller jusqu’à 4 heures, à condition qu’il soit bien porté et qu’il ne devienne pas trop humide.

Pour les puristes, ce dispositif se décline également en deux autres versions assez similaires, les types I et II, recommandés pour les : professionnels de santé en dehors des indications du masque FFP ; personnes chargées des premiers secours et en charge du transport sanitaire ; professionnels intervenant auprès de personnes fragiles en particulier en EHPAD ; prestataires de services et distributeurs de matériel intervenant auprès d’une personne en état grave ou ventilée ; personnes présentant des signes d’infection respiratoire évoquant une Covid-19 ou patients confirmés Covid-19, lors de tout contact qui ne peut être évité avec un tiers ; personnes à risque de forme grave de Covid-19, lors de leurs déplacements.

Les masques alternatifs (également appelés masques à usage non sanitaire, masques barrières, masques grand public)

Fabriqués par les industriels du textile et commercialisés dans la grande distribution et en pharmacie, ou mis à disposition par les mairies. Écologiques et économiques, ils peuvent être réutilisés plusieurs fois après lavages à 60°C.

Ils sont testés par la Direction générale de l’armement et sont classés en deux catégories définies par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Ils ne doivent pas être portés plus de 4 heures. À la moindre usure, ils doivent être jetés.

Catégorie 1

Masques à usage des professionnels en contact avec le public (agents d’accueil, agents de caisse, agents des forces de l’ordre ; professionnels dans les situations où la distance de sécurité d’un mètre ne peut être respectée (y compris les transports en commun). Ils filtrent au moins 90 % des particules de 3 microns et sont également dénommés masques USN 1 (Usage Non Sanitaire). Ils portent un libellé indiquant l’inscription sur la liste des masques testés ou masques barrières AFNOR SPEC S76-001 catégorie 1.

Catégorie 2

Masques de protection à visée collective qui filtrent au moins 70 % des particules de 3 microns, destinés aux personnes ayant des contacts occasionnels avec d’autres personnes dans le cadre professionnel, comme par exemple en milieu de travail pour les contacts intermittents et non évitables, avec des collègues par exemple. Attention : le masque de catégorie 2 n’a d’utilité que si toutes les personnes en présence portent un masque (de catégorie 2 ou de protection supérieure). Il porte un libellé indiquant l’inscription sur la liste des masques testés ou masques barrières AFNOR SPEC S76-001 catégorie 2.

Le masque en tissu fait maison

Symbole de l’effort de « guerre », cousu amoureusement à partir des tutoriels mis en ligne par l’Afnor, il permet de filtrer au moins 70 % des gouttelettes. Par définition ce masque n’est ni normé, ni testé. Son efficacité est deux à trois fois moindre que celle des masques chirurgicaux. Il permet néanmoins de limiter la dispersion de postillons et constitue un geste barrière appréciable. Symbole d’une attitude citoyenne et altruiste, il n’est pas destiné à protéger le porteur mais les personnes alentour. L’OMS rappelle que l’efficacité d’un masque en tissu dépend de l’étanchéité de ses tissus et doit comporter trois couches de tissus pour prétendre être une réelle barrière contre le virus. Ces masques ne doivent pas être portés plus de 4 heures. À la moindre usure, ils doivent être jetés.

Le masque de chantier

Seul le masque de chantier certifié EN 149 est efficace pour se protéger du coronavirus (il s’agit le plus souvent de types FFP1, FFP2 ou FFP3). Mais il peut exposer à des fuites, surtout pour les modèles en forme de coque, si la taille n’est pas adaptée au visage. La durée d’utilisation de ces masques varie entre 4 et 8 heures et certains sont réutilisables.

Le bandana tu banniras

Dans une étude publiée le 7 août dans Science Advances, des chercheurs États-Uniens ont comparé 14 masques différents : classique masque N95, masques en tissu et simple bandana. Une pièce noire, une boîte, un laser, un objectif et un appareil photo de smartphone… Le jeu consistait à prononcer la phrase “stay healthy people” tout d’abord sans masque puis avec les différents types de masques. Le nombre de gouttelettes en suspension dans l’air ambiant juste après que l’individu ait parlé a été observé. Le masque N95 (sans valve) s’est avéré le meilleur pour éviter la projection des gouttelettes, suivi de près par les masques chirurgicaux portés par les personnels soignants. Que le public se rassure, les masques en polypropylène et en coton-polypropylène ont également été performants, ainsi que les masques en tissu, notamment en coton. En revanche, bandanas et autres tissus de fortune, se sont révélés inefficaces voire dangereux, car dispersant encore plus les gouttelettes de salive dans l’air environnant, en transformant de grosses gouttes de salive en petites particules. Les auteurs vont plus loin en suggérant même que ces moyens de fortune et autre cache-nez et cache-misères pourraient même être pires que de ne rien porter.

Enfin, des masques transparents sont en voie d’être agréés à l’intention des personnes porteuses de handicaps auditifs afin de pouvoir continuer à lire sur les lèvres.

Dans tous les cas, le port d’un masque ne permet pas de déroger aux règles de distanciation et aux gestes barrières, et des règles d’hygiène strictes doivent être appliquées lors de la pose, pendant le port et lors retrait du masque.

Dr Bernard-Alex Gaüzère

RÉFÉRENCES

Masques et prévention de la transmission du Covid-19 – Principaux usages. ED 6392Mai 2020. Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles. www.inrs.fr ISBN 978-2-7389-2572-5
Fischer EP et coll. : Low-cost measurement of facemask efficacy for filtering expelled droplets during speech. Science Advances 07 Aug 2020: eabd3083, DOI: 10.1126/sciadv.abd3083

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